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Madame la Marquise
1 juillet 2010

La conscience en général ne s'est seulement

 


La conscience en général ne s'est seulement développée que sous la pression du besoin de communication. Dès le début elle n'était nécessaire et utile que dans les rapports d'homme à homme (particulièrement entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent) et elle ne s'est développée qu'en fonction du degré de cette utilité. L'homme qui vit en solitaire et en bête de proie aurait pu ne pas en avoir besoin. Le fait que nos actes, nos pensées, nos sentiments, nos mouvements même parviennent à notre conscience -- du moins une partie de ceux-ci -- est le résultat d'un terrible "Tu dois" qui a longtemps régné sur l'homme; il avait besoin, comme animal le plus menacé, d'aide de protection, il avait besoin de son semblable, il était forcé d'exprimer sa détresse et pour tout cela il avait en premier lieu besoin de sa conscience. L'homme, comme toute créature vivante, pense sans cesse mais il ne le sait pas; la pensée qui devient consciente n'est que la plus petite partie : disons la plus superficielle, la plus mauvaise -- car seule cette pensée consciente se produit en parole--  c'est à dire en signes de communication, par quoi se révèle l'origine même de la conscience. Bref, le développement du langage et le développement de la conscience vont la main dans la main. Que l'on ajoute que ce n'est pas seulement le langage qui sert de pont entre les hommes, mais aussi le regard, la pression, le geste; la conscience de nos impulsions sensibles, la faculté de pouvoir les fixer et de les situer pour ainsi dire hors de nous ont augmenté dans la mesure ou la nécessité se faisait croissante de les transmettre à d'autres par des signes. L'homme inventeur de signes est en même temps l'homme conscient de lui même d'une façon toujours plus aiguë.

Nos actes sont au fond tous, d'une manière incomparable, personnels, uniques, infiniment individuels, il n'y a à cela aucun doute; mais sitôt que nous les traduisont dans la conscience, ils cessent de le paraître.
La nature de la conscience animale implique que le monde dont nous pouvont devenir conscients n'est qu'un monde superficiel et de signes, un monde généralisé, vulgarisé ... 

F.Nietzsche

 

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Au reste, je ne veux point parler ici, en particulier, des progrès que j'ai espérance de faire à l'avenir dans les sciences, ni m'engager envers le public d'aucune promesse que je ne sois pas assuré d'accomplir; mais je dirai seulement que j'ai résolu de n'employer le temps qui me reste à vivre à autre chose qu'à tâcher d'acquérir quelque connaissance de la Nature, qui soit telle qu'on en puisse tirer des règles pour la médecine, plus assurées que celles qu'on a eues jusques à présent, et que mon inclination m'éloigne si fort de toute sorte d'autres desseins, principalement de ceux qui ne sauraient être utiles aux uns qu'en nuisant aux autres, que, si quelques occasions me contraignaient de m'y employer, je ne crois point que je fusse capable d'y réussir.

De quoi je fais ici une déclaration, que je sais bien ne pouvoir servir à me rendre considérable dans le monde, mais aussi n'ai-je aucunement envie de l'être; et je me tiendrai toujours plus obligé à ceux par la faveur desquels je jouirai sans empêchement de mon loisir, que je ne ferais à ceux qui m'offriraient les plus honorables emplois de la terre.

 

René Descartes (1637) Discours de la méthode

 

 

"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme."
François Rabelais 

 

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"La réalité c'est ce qui continue d'exister lorsque l'on cesse d'y croire"<br /> Bernard Werber
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